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Cet après-midi le ciel était d'un bleu profond et le soleil radieux, j'avais presque chaud en remontant la grande rue Ouiatchouan. J'ai frappé à la porte du n°1936. C'est chez Kukum (grand-mère) Germaine qui habite une jolie maison au bord du lac. Sur la grande table de la salle à manger Germaine s'est installée pour broder la ceinture de son régalia (costume de danse) avec des perles qu'elle est allée acheter tantôt à Alma de l'autre côté du lac.

Elle me montre son jardin aujourd'hui envahit de neige et de glace qui dit-elle est merveilleux en été, un havre de paix. Doucement, elle ajoute que je pourrais y mettre une tente si je reviens à ce moment là. Germaine est douce et tendre et aime aider les gens.

Elle a accompli pas à pas son chemin de guérison. Elle me montre le bâton de paroles qu'elle a fabriqué, elle parle de son régalia qu'elle coût depuis plusieurs années patiemment. Ces objets l'ont aidé à retrouver l'estime d'elle même. Elle a 55 ans aujourd'hui et est restée presque muette durant des décennies."Avant je ne parlais pas".

Au pensionnat où elle a été enfermée durant trois ans elle ne devait pas parler, elle ne devait exprimer aucune émotion. Germaine dit qu'elle n'a pas subi de sévice . Sa cousine, compagne du même âge qui était enfermée avec elle, en a subi de terribles. Germaine n'a rien vu. Pourquoi se demande-t-elle ? Durant près de 45 ans, sa cousine s'est tue. Il y a deux ans au moment du processus de réparation , elle s'est mise à parler de son calvaire et Germaine a su.