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Je suis revenue à Mashteuiatsh depuis jeudi soir. Je ne reviens pas seule. Jean-François m'accompagne et c'est du coup très différent. La solitude de mes voyages précédents est maintenant un souvenir. Au moment où j'écris la cloche sonne me ramenant à tant de moments vécus ici. Quand on voyage en solitaire le temps n'est pas le même, il semble parfois vous oublier dans ses replis, vous immerger dans une latence un peu douloureuse mais qu'on ressent ensuite salutaire. Etre seule et se perdre dans des minutes qui paraissent interminables, faire une succession de faux pas le long des routes vides, attendre un signe, un sourire, un rendez-vous. J'ai repris mes habitudes ici y entraînant Jean-François, le café clair chez Claudie et Denis à parler du Pow-Wow et de la sun dance, le souper si chaleureux chez Thérèse avec toute sa grande famille réunie, les mots échangés au Musée avec Richard et Edouard à évoquer les pierres, le bois et les rêves de bêtes. Mashteuiatsh est au milieu de rien et ici on a toujours l'impression d'être isolé, loin de toute civilisation ou du moins de tout lieu de la vie courante. J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer cette sensation de vide qui peut être un peu angoissante. Aussi, nous avons pris le taureau par les cornes comme on dit chez nous et nous avons décidé de louer des vélos ! Pour la première fois je suis sortie de la réserve pour aller à Saint-Prime à quelques 7 km sur la route au nord ouest. Nous avons emprunté la fameuse piste cyclable des bleuets où des centaines de cyclistes se croisent en été pour faire une grande boucle autour du lac qui peut prendre plusieurs jours. Pour notre part, nous resterons modestes en tentant quelques petites escapades aux alentours.

Ce soir accueillera la pleine lune. J'aimerai aller la saluer au bord du lac avec les femmes de Mashteuiatsh. Je me suis arrêtée à l'épicerie Paul pour acheter le tabac que je pourrai offrir au feu en signe de gratitude si la cérémonie s'accomplit à la nuit tombée. Sonia me fera signe.