mashteuiatsh5.jpgNous sommes à Mashteuiash-Pointe bleue, la réserve Ilnu. Monsieur Robertson, propriétaire de l’auberge du même nom, est venu nous chercher au terminus de l’autobus à Roberval.

C’est un homme charmant. L’auberge toute en bois est décorée de tas de trophées de chasse, têtes d’ours, de loups, cornes et bois de cervidés et un énorme orignal accroché au mur de la belle salle à manger. Il y a aussi des objets d’artisanat indien. Cette auberge est comme un petit musée familial avec les photos des ancêtres depuis 1848, tous de grands chasseurs, les photos de famille, des vitrines.
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Au moment de brancher mon ordinateur je m’aperçois que le transfo électrique ne marche pas. Nous testons toutes les prises de la maison avec M. Robertson, aucune ne fonctionne. Comme il me voit bien embêtée, il s’informe au magasin d’électronique le plus proche s’ils en ont. Après quelques palabres, il semble que oui. Ouf ! M. Robertson propose de nous y amener.

Depuis notre arrivée nous nous émerveillons à chaque instant de la gentillesse et de la disponibilité des gens que nous rencontrons. C’est l’hospitalité québécoise ! Nous, les français nous devrions venir nous en imprégner un peu … Lorsque vous entrez dans un magasin, un bar, un restaurant, il y a toujours le « bonjour, comment allez vous aujourd’hui ? » prononcé sur un ton avenant et vraiment chaleureux.

En revenant du magasin, nous nous arrêtons dans un petit restaurant au bord du lac. Nous invitons M. Robertson qui nous parle un peu des conditions de vie des indiens dans la réserve. Il dit que le gouvernement fédéral les a infantilisés depuis des décennies. Vivre dans une réserve c’est particulier. Les droits ne sont pas du tout les mêmes que dans le reste du pays. Pas d’alcool au restaurant où pourtant Jean-François aurait bien voulu boire une bière ! Les indiens dépendent pour tout du Ministère des affaires indiennes . Monsieur Robertson évoque rapidement l’obligation qu’ont eue les parents durant bien longtemps de se séparer de leurs enfants envoyés de force dans les écoles chrétiennes « les pensionnats indiens ». Le Gouvernement canadien vient juste de présenter des excuses officielles pour ces pratiques honteuses qui servaient à « civiliser et évangéliser les natifs » mais le pape ne l’a pas fait. Il nous redit : « nous sommes traités comme des enfants ».

Demain, le 21 juin c’est la fête nationale des autochtones au Canada. Cela correspond au solstice d’été. A 5 heures du matin, il y aura une cérémonie au bord du lac pour fêter le levé du soleil. Monsieur Robertson propose de nous y amener. Il y aura le feu, les chants, le chaman… Je suis aux anges ! A 19 h, Dave Casavant, sa sœur Anne et Sonia Robertson du conseil de Bande viennent me visiter à l’auberge. C’est le premier contact pour parler de mon projet. Ils évoquent l’intérêt qu’il y aurait à associer un ou une artiste de la réserve à mon travail. Sonia est artiste et s’occupe du programme culturel du musée de Mashteuiatsh, elle utilise la photo dans son travail et semble réaliser aussi de superbes performances. Mes visiteurs aimeraient bien connaître les objectifs de mon projet. Je leur parle de rencontres, de relation aux autres. Pour moi il est clair que je veux me laisser aussi porter par des imprévus, des hasards et ne pas figer les choses. Bien sûr j’évoque la condition des autochtones, les idées peut être trop reçues qu’une européenne peut avoir sur les premières nations. Pour eux aujourd’hui il est essentiel de se tourner vers des actions positives, constructives et laisser les plaintes, les remords. Sonia toutefois dit qu’il faut d’abord que le pardon puisse se faire et que pour ça il faut que la communauté ait la compréhension et la reconnaissance de son passé. Nous sommes déjà dans le vif du sujet. Nous convenons de nous revoir le lendemain durant la fête.

Sonia nous invite à venir au Musée lundi pour une visite.