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Ce matin à 11h20 avec une exactitude déconcertante l'autocars m'a déposé à Roberval. Une belle traversée entre neige et bois, des cours d'eau qui commencent à sortir du gel et frémissent légèrement, le vert des sapins, la route interminable qui se déroule, les maisons pimpantes comme dans un rêve, les drôles de fermes modèles aux toits ronds et de toutes les couleurs, les camions énormes à la tête si étrange ... c'est l'Amérique. A peine descendue du bus, j'étais contente de retrouver Monsieur Robertson toujours affable qui m'a proposé d'aller faire quelques emplettes au supermarché du coin. Et là, moi qui d'habitude ai horreur de me "farcir" les courses, je saute sur l'occasion avec empressement. Il faut dire qu'un ravitaillement au GAP de Roberval est indispensable si je veux manger un peu normalement. A la réserve il n'y a vraiment rien de bon à se mettre sous la dent... pas de légumes, pas de fruits si ce n'est quelques oranges et bananes oubliées au fond d'un coin de la seule épicerie de Mashteuiatsh qui par contre est bien pourvue en chips de toutes sortes, sodas, sucreries et bières.

A peine arrivée à la Communauté je me suis précipitée au Musée Amérindien où je retrouvais le sourire de Denise Robertson à l'accueil. Cette femme douce est d'origine américaine et vit à Mashteuiatsh depuis plus de 35 ans. Elle s'est mariée avec un montagnais et a eu 3 enfants. Un de ces fils est mort noyé dans le lac en allant à la pêche et son mari est décédé en 2002. Elle vit seule, écrit de la poésie, fait de la photographie. J'ai acheté au musée quelques unes de ces photos éditées en cartes postales, une série intitulée "Images frozen in my mémory" : le ciel immense, le lac, la rivière, le bois, les arbres.... A Mashteuiatsh il y a toujours la volonté de laisser la place aux gens qui créent, de valoriser leur savoir faire, de donner de l'attention à leur sensibilité. C'est vraiment très prégnant, chacun est encouragé dans ce qu'il a à exprimer, à communiquer, à transmettre auprès de sa Communauté. J'ai d'ailleurs parlé avec Louise qui travaille aussi au Musée au sujet de tous ces artistes-artisans de Mashteuiatsh et elle insistait sur le fait qu'au delà de pratiquer un art pour en vivre matériellement c'était avant tout un savoir faire qu'il s'agit impérativement de transmettre aux jeunes. Un savoir faire qui se noue au savoir être, à la raison de vivre même de chacun en tant qu'être humain- ilnu -en langue montagnaise. Je suis vraiment heureuse d'être à Mashteuiatsh, de poursuivre la route de "Réserve humaine". Ici, je suis rassurée, je trouve une raison d'être, je me sens un peu chez moi. Merci à la Communauté de m'accueillir avec tant de douceur et d'amitiés.