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Chez Eruoma, l'autre soir j'ai regardé sur la chaîne de télévision canal D le documentaire "Sauvage" du Québécois Guillaume Sylvestre. Ce film était à la une du supplément culturel du journal Le Devoir. La journaliste en fait une critique constructive et insiste sur le fait que la réalité qui est montrée dans le film reste totalement étrangère à la plupart des Québécois. Le réalisateur lui-même, dit-elle ne connaissait pas du tout les gens des communautés.

Pourtant, lorsque j'ai regardé Sauvage, je me suis tout de suite retrouvée en terrain connue. Les mots échangés, murmurés, les images de ces communautés, Atikamek, Malécite, Huron-Wendat parlent à l'infini de racines, de tradition, de génocide, de larmes, de combats, de drogue, d'espoir aussi et d'ouverture sur le monde des quatre races humaines. Alors comment se fait-il que les hommes des premières nations soient des inconnus, des oubliés sur leur propre territoire, auprès de leurs propres concitoyens ?

Le meilleur moyen de les anéantir n'est-il pas de ne pas les voir ? de les effacer de son champ de vision pour qu' effectivement ils disparaissent à jamais de la surface de la terre ?

Je trouve cet état de fait terrible parce que cet aveuglement est si intégré dans l'inconscient collectif qu'il n'y a même pas de mauvaise conscience à éprouver.

C'est le mépris ultime, la négation de l'autre, un génocide perpétré non pas par des armes mais par une représentation mentale négationiste accumulée depuis des siècles.

Eruoama retrouve dans le film, son amie Sabrina Boivin et son père, Atikameks de Wemontaci. Il parle de la misère qu'il a eu à sortir sa fille de la drogue mais est fier d'y être parvenu. Lui, personne n'est venu le sauver, il en est sorti tout seul.

Eruoma me dit "Sauvage c'est un mot magnifique ". Dans ces yeux, je vois la fierté, elle est si belle mon amie. On l'appelle l'Oursonne.